Chronique numéro 1 : La forêt des Esprits (Cycle de la Terre)

Voyant Xiao Guang défaillir, Yin Qiu se précipita auprès de la guérisseuse, afin de s'assurer qu'elle était encore vivante.
Il contempla de ses yeux incrédules le corps sanglant du vieux moine fou, se remémorant la scène.
L'eunuque avait-il contemplé un affrontement mystique ? Un miracle ? Ou simplement un étrange duel de volonté et de d'énergie vitale ? Le Bouddha avait-il manifesté son déplaisir ?
En tout cas, la jeune femme semblait l'avoir emporté sur le fanatique...

Yin Qiu eut soudain une idée.
Laissant pour un temps Xiao Guang, il s'approcha du corps du mécréant qu'elle avait abattu. Il vérifia prestement qu'il était bien décédé (quitte à l'aider un peu d'un coup de poignard). Il redressa la momie ensanglanté pour la présenté à l'assemblée des moines.
"Voyez le déplaisir du vrai Bouddha !" tonna l'eunuque, rejetant son masque mortuaire et déployant toute sa voix d'acteur. "La vie et la passion l'ont emporté sur la mort et la corruption ! Votre maître n'est plus, victime de son désir égoïste drapé dans l'hypocrisie d'une interprétation fallacieuses des saints préceptes ! Stoppez ce combat ou succombez comme lui !"

Il se doutait bien qu'il n'arrêterait pas de purs fanatiques ainsi. Surtout qu'avec la fumée et le souffre, la mise en scène était bien moins visible et impressionnante.
Mais si même seulement un ou deux moines pouvaient rejetter la doctrine maudite de ce temple, ce serait toujours ça de gagner.
Et au pire, cela sèmerait un peu plus de confusion, pour le plus grand plaisir de Jin Lan Si et de leur mystérieux allié...

L'assemblée s'arrêta immédiatement dès lors que la fumée s'était dissipé...
Un a un, ils se mirent à genoux et fermèrent les yeux, mains jointes sur la poitrine, en position de méditation.
Plus un mot ne sortait de leur bouche.
Leur visage ne reflétait qu'une grande tristesse.
L'un d'entre eux se leva alors pour chercher une grande jatte dans le fond de la pièce et commença à en déverser le contenu sur le sol ou sur d'autres moines....

- Ces ânes chauves vont tout faire... commença Jin Lan Si alors qu'il venait juste de comprendre la manoeuvre...
Un autre moine se leva et renversa un des brasero servant à entretenir la combustion de bâtonnet d'encens...
Rapidement, une vague de flamme parcouru l'assemblée, tandis que les moins immobiles entonnaient une litanie funéraire

Yin Qiu poussa un juron quand il compris lui aussi ce que faisaient les moines fous.
"Fichus fanatiques !" beugla-t-il. "Êtes-vous donc incapable de reconnaître la vérité et la supériorité de la vie sur la mort ?"
L'eunuque ne chercha pas plus à les convaincre : il n'avait aucune envie de finir sur leur bucher funéraire.
Et puis, combien de personne avait été sacrifié à ce culte tordue ? Ils méritaient peut être de mourir...

Il gagna donc le chevet de Xiao Guang, afin de vérifier si elle respirait encore. Il fit signe à Jin Lan Si d'approcher.
"Nous devons sortir d'ici... Vous êtes plus fort que moi : prenez donc Xiao Guang et amener là loin du danger. Vous êtes à la fois assez costaud et rapide pour la sortir d'ici même si Dame Bai Zhu vous a laissé quelques pseudo-spectre... Et puis j'adorerais voir le visage de notre guérisseuse quand elle se réveillera dans vos bras."

L'eunuque baissa alors la voix et adopta un ton plus secret et inquiet.
"Nous avons en outre un invité surprise... Quelqu'un m'est venu en aide contre les moines et à occis plusieurs à l'aide de petit dard ou de longue aiguille, avec une vitesse et une précision diabolique. Je n'ai pu voir qu'une ombre... Ce fut un allié, mais qui sait quelles sont les intentions de notre inconnu... Soyez prudent."

Yin Qiu reprit d'un ton normal, à voix haute.
"Je vais promptement fouillé le temple : il reste peut être encore des prisonniers survivants. Ce serait idiot qu'ils périssent dans les flammes parce que nous avons décapité cette sombre secte."
Sur ce, il se mit en route, commençant par l'autel, vérifiant s'il n'y avait pas de sortie menant à un quelconque cachot...

Yin Qiu

L'eunuque sortit sans problème le tube qui pesait un certain poids. La qualité de la protection tendait à laisser penser que l'objet qu'il contenait était très précieux.
A peine eut-il saisit l'objet qu'un large brandon tombait près de lui, lui intimant quasiment l'ordre de quitter les lieux... Poussé par le danger, Yin Qiu sorti habilement, les poumons brûlant et le visage noirci de fumée.
Derrière lui, le petit temple infernal se consumait complètement dans un vacarme sinistre. Pas un cri de douleur n'en était sorti. Un bruit sourd de branches de pin brisées se fit bientôt entendre : Bai Zhu roula alors au sol pour tomber près du baladin...Malgré son air toujours aussi agressif, elle semblait avoir mené un sérieux combat et ses grandes manches étaient largement déchirées, laissant apparaître ses bras lisses, blanc et incroyablement fins.

- Ha ! S'ils voulaient l'enfer à tout prix, ils n'avaient qu'à me demander plus tôt...Ca aurait été avec plaisir que je leur aurais rendu ce service...Deux d'entre eux ont disparu...Mais ils ne reviendront pas de sitôt, surtout l'un d'entre eux...J'aurais tellement aimé voir sa tête lorsqu'il s'apercevra qu'il ne pourra bientôt plus bouger les deux jambes...Ha ha ha... termina t-elle dans un rire aussi sinistre qu'essoufflé.

Xiao Guang

- Guniang...Guniang...Réveillez vous, nom d'un chien !

Les yeux de Xiao guang s'ouvrirent sur le visage agréable de Jin Lan Si, penché sur elle...Elle pouvait y lire une certaine inquiétude bien vite éteinte par son réveil...

- Bon sang...Ne nous refaites plus un coup pareil...

C'est d'abord un regard un peu embué que je lève sur Jin Sen Li. Pendant quelques secondes, mon visage est d'une candeur absolue, dévoilant par son sourire et son regard brillant des sentiments qui ne peuvent être dits...

Puis la conscience me revient et mon visage se ferme, telle une huître dont un profanateur aurait voulu arracher la perle. Les bras font un mouvement pour écarter le brigand, mais retombent, manquant de force.

Alors, dans un dernier temps me ramenant au réveil, alors qu'au-dessus du visage de Jin Sen Li se profilent des arbres, et que la conscience douloureuse de mon corps me parvient, je me rappelle... Je me rappelle ma colère, et la lutte contre le monstre. Son visage congestionné me revient en mémoire, et la brûlure de son Yang m'enflammant le corps. Une vision d'horreur que j'ai moi-même provoquée...

La peur soudain arrive, comme à retardement, mélangée à de la colère, désormais inutile, et de la tristesse, pour mon frère d'adoption que je ne reverrai peut-être jamais plus. Le manque de remords m'effraie peut-être plus que tout ce que je trouve en moi dans ce moment où la fatigue physique et mentale s'abat sur moi comme une chape de plomb.

Alors, épuisée, déboussolée, je me mets à pleurer.

Yin Qiu reprit son souffle, avalant de grandes goulées d'air frais (entrecoupé de disgracieuses quintes de toux).
"Il semble qu'en bons zélotes décérébrés, ces moines fous aient voulu suivre leur maître dans les flammes de l'enfer..." ricana méchamment l'eunuque, se mettant sur le même ton que l'Araignée Blanche. "Visiblement cet adorateur de la mort n'a pas aimé se confronter à notre petite guérisseuse... Je vous raconterais ça plus tard devant un bon thé, après un bon bain et quelque repos."

Il fit une petite pause, pour examiner discrètement Dame Bai Zhu, afin d'être certain qu'elle allait bien. Physiquement, du moins.
Une idée lui vint alors, se remémorant une des remarques de la chef des Spectres Blanc.
"Ces assassins se sont enfuis ?" demanda-t-il, interloqué. "Voilà qui est fort étrange et de mauvaise augure. Jusqu'ici, ils avaient combattu jusqu'à la mort, poussé par leur endoctrinement et leur foi dévoyée... S'ils ont filé, c'est donc que soit ils ont réalisé la vanité de leur culte et l'horreur de leurs méfaits, soit qu'ils ont une autre base et un autre chef à qui faire leur rapport. Ce culte n'est peut être pas si marginal, tout compte fait..."

Il réfléchit un instant, puis se tourna pour contempler le brasier et les alentours.
"Dame Bai Zhu, lors votre chasse au pseudo-fantômes, avez-vous vu une geôle ou un endroit où ces malades pourraient bien garder leurs prisonnier ? Je n'ai rien vu de tel dans le temple avant qu'il le transforme en autodafé...Et j'avoue être inquiet : le jeune ami de Xiao Guang a-t-il péri aux mains de cette secte ? Et si il restait d'autres captifs ?"

Attendant la réponse, il se mit à chercher des yeux Jin Lan Si et Xiao Guang. l'eunuque s'inquiéter pour la santé de la guérisseuse après son étrange duel avec le vieux moine... Et Jin Lan Si avait après tout déjà sorti quelqu'un de ce temple. Il saurait peut être où était habituellement retenu les captifs...

- Je n'ai rien vu de tel fit l'Araignée blanche en secouant la tête Ils ont une réserve de nourriture derrière le temple, mais elle est ouverte...On laisse rarement les prisons avec des portes béantes...

Le brigand tenta d'assoir confortablement la guérisseuse et hocha la tête

- Lorsque j'ai fait irruption chez eux, les prisonniers restants attendaient dehors, attachés, je doute qu'ils les garde longtemps malheureusement...Dans les forêts de statue, ils y a un foyer également, plein de cendre...Je pense que... mais il ne pu terminer sa phrase... Bon sang...La plupart d'entre eux ont eu une mort trop douce à mon avis...

Yin Qiu soupira, déprimé.
Une fois de plus, il était arrivé trop tard. Une fois de plus des innocents avaient péris. Quel fichu héros il faisait !
Pourtant, il savait qu'il ne devait pas se laisser abattre. Il s'était auto-promu chef de cette troupe disparate pour cette mission et se devait de maintenir la cohésion du groupe et ne pas se laisser aller...

"Je suis bien de votre avis, Jin Lan Si..." répondit-il d'un ton acide. "Je n'aime guère les effusions de sang, mais j'aurais aimé mettre la main sur un de ces monstres pour le soumettre à la question. Je n'aurais pas été regardant sur la méthode pour lui arracher la vérité."

Il soupira en se rapprochant de Dame Bai Zhu.
"Une réserve de nourriture. Voilà une malgré récompense pour l'anéantissement de cette secte... Nous pourrons toujours faire récupérer ça, afin d'améliorer l'ordinaire de la forteresse assiégée."

L'eunuque prit son courage à deux main pour s'adresser ensuite à l'Araignée Blanche.
"Je n'ai vu nul trace de vos hommes. Peut être est-ce un bien et qu'ils ne sont pas tomber aux mains de ces fous... Je propose de rentrer à la forteresse : ils auront peut être des nouvelles."
Il hésita et baissa la voix avant de poursuivre.
"Xiao Guang a apparemment perdu un jeune garçon de ses amis aux mains de ces fous. Elle est ébranlée et épuisée, s'étant confronté au chef de la secte dans un étrange duel : celle qui offre la vie contre celui qui la dérobe... Il nous faudra donc la soutenir, tant physiquement que moralement. Son état nécessite donc calme et repos, chose dont nous aurions tous bien besoin... C'est aussi pour cela que je souhaite rentrée à la citadelle."

A travers mes pleurs, j'essaie d'écouter ce qu'il se dit, mais tout me parvient comme si les autres personnes étaient à plusieurs mètres de moi. Ma tête est lourde, mes oreilles bourdonnent - le repos est une nécessité. Pourtant, j'agrippe la manche de Jin Sen Li et murmure - hausser la voix est difficile :

- Il faut... il faut aller voir le tas de cendres. Peut-être, alors, on saura...

Je ne parviens à terminer ma phrase qu'avec des larmes.

Jin Lan Si soupira...

- Ecoutez, guniang...Je vais m'y rendre. De toute les manières, je ne pourrais entrer à la forteresse...Je vous en conjure ne m'y forcez pas. J'ai mes raisons.
Si je trouve le moindre indice, je vous le ferais savoir. En attendant, écoutez Yin Qiu. Il est plus sage que vous rentriez vous reposer...

Pour la première fois, le jeune homme parlait sans déguisement, avec une certaine douceur, sans chercher à se camoufler derrière une image vaniteuse. Peut-être était-il touché lui aussi, par la situation et les évènements traversés ?

- Le prince des fleurs à raison. Rentrons. J'ai horreur de voir des cadavres dont je ne suis pas responsable fit la voix affaiblie de Bai Zhu

Yin Qui acquiesça, l'air grave.
"J'allais me proposer pour cette sinistre besogne, mais vous parlez sagement." lança-t-il au brigand. "Il est de ma responsabilité de ramener tout le monde à bon port et de faire mon rapport, afin que nous soyons prêt si cette secte revient."

L'eunuque se précipita pour soutenir Xiao Guang.
"Attention ! Je vais vous aider, Shi Fu." déclara-t-il, soucieux. "J'ignore ce que vous avez fait et subit lors de votre combat contre le moine fou, mais vous devez être prudent. Appuyez-vous sur moi, même si je n'ai pas la stature virile de Jin Lan Si..."
Yin Qui commençait à adopter un ton plus doux et joyeux, que l'on sentait certes forcé mais il essayait de remonter le moral à la guérisseuse.
"Évitez juste de trop vous appuyez sur mon épaule blessé. Je ne voudrais pas vous redonner en plus du travail !"

Avisant le ton fatigué de Bai Zhu, il s'enquit de son état. Comme toujours avez l'Araignée Blanche, il prit un ton taquin afin de masquer l'inquiétude qu'elle jugerait sans doute offensante sous quelques plaisanteries.
"Dame Bai Zhu, si vous avez besoin je peux aussi vous offrir mon corps comme support. Avouez que cela susciterait d"amusantes rumeurs et jalousies si j'arrivais à la forteresse avec deux splendeurs dans les bras..."
Il savait que Bai Zhu déclinerait sans nul doute l'offre. De toute façon, il aurait bien du mal à soutenir deux femmes en traversant la forêt, mais il espérait que l'Araignée Blanche comprendrait qu'il se faisait du soucis pour elle et qu'elle ne devait pas avoir honte de montrer son état de faiblesse. Elle avait beaucoup combattu et devait être épuisée...

L'eunuque salua une dernière fois Jin Lan Si, lui recommandant la prudence.
"Faîtes attention à vous, héros. J'espère le culte décapité, mais restons méfiant... Quoique vous en pensiez, vous êtes le bienvenue dans la Forteresse : voyez la troupe disparate que nous formons ! Si vous avez des problèmes avec les autorités, je suis sûr que nous pouvons les arranger... En cas de problème, recommandez-vous de mon nom. Bon, évitez tout de même de trop m'impliquer dans des histoires de maris jaloux et de jeunes filles outragées..."

Commençant à s'éloigner doucement (mais fermement) du lieu du massacre, Yin Qiu cherchait désespérément quelques paroles réconfortantes pour réconforter Xiao Guang. Mais sa gorge était sèche, nouée lui aussi par le chagrin, accablé par la honte et la culpabilité de n'avoir, encore une fois, pas pu arriver à temps.
L'eunuque mit encore une fois à profil ses talents d'artiste et d'acteur, cherchant à présenter bonne figure, feignant détermination et force de caractère.
"Ne pleurer point, Shi Fu. L'heure n'est point encore au chagrin. Nous devons d'abord rentrer et témoigner... Et puis... Même si je n'aime guère entretenir de faux espoirs et que cela ne change rien à l'horreur de ce qui s'est déroulé ici... Nous ne sommes pas certains que l'enfant est bien..."
Il soupira, n'arrivant à terminer sa phrase. Pour masquer sa gène et sa confusion, il se mit à la recherche d'un bout de tissu propre avec lequel la guérisseuse pourrait sécher ses larmes.

Il essaya ensuite de relativiser la situation et de s'essayer de jouer sur le pan religieux pour réconforter Xiao Guang. Au vue de ses 'discutions' théologiques avec le moine fou, elle devait y apporter une grande importance.
"Si...Si jamais le pire est avéré, je suis sûr que votre jeune ami trouvera le réconfort auprès du Bouddha. Vous avez magnifiquement prouvé que votre interprétation de sa voie est la bonne, que la vie suis un cycle immuable et..."
Derechef, il soupira.
Yin Qiu termina d'un ton vaguement amusé.
"Je ne suis pas très bon dans ce genre de chose, hein ? Je ne suis guère croyant : je crois juste aux choses 'bonnes' et 'mauvaises' et j'essaye de défendre les premières, égoïstement, pour laisser une marque dans l'histoire. Pas brillant pour l'instant... Mais vous, vous avez déjà accompli, par pure compassion, quelque chose d'essentiel et avait mis fin à ce culte blasphématoire. Le sacrifice a été grand, trop grand, mais combien d'innocents avons-nous finalement sauver en stoppant ce culte impie ? Sans votre héroïsme, qui sait combien d'autres personnes se seraient fait enlever et aurez fini ainsi ?"

Citation :

Il essaya ensuite de relativiser la situation et de s'essayer de jouer sur le pan religieux pour réconforter Xiao Guang. Au vue de ses 'discutions' théologiques avec le moine fou, elle devait y apporter une grande importance.
"Si...Si jamais le pire est avéré, je suis sûr que votre jeune ami trouvera le réconfort auprès du Bouddha. Vous avez magnifiquement prouvé que votre interprétation de sa voie est la bonne, que la vie suis un cycle immuable et..."
Derechef, il soupira.
Yin Qiu termina d'un ton vaguement amusé.
"Je ne suis pas très bon dans ce genre de chose, hein ? Je ne suis guère croyant : je crois juste aux choses 'bonnes' et 'mauvaises' et j'essaye de défendre les premières, égoïstement, pour laisser une marque dans l'histoire. Pas brillant pour l'instant... Mais vous, vous avez déjà accompli, par pure compassion, quelque chose d'essentiel et avait mis fin à ce culte blasphématoire. Le sacrifice a été grand, trop grand, mais combien d'innocents avons-nous finalement sauver en stoppant ce culte impie ? Sans votre héroïsme, qui sait combien d'autres personnes se seraient fait enlever et aurez fini ainsi ?"

Oui, je sais bien que Xiao Hu Li trouvera une meilleure vie dans sa prochaine incarnation. Toutes ces paroles réconfortantes, j'en ai fait une croyance - une certitude. Il n'empêche que la douleur est profonde, cuisante et que rien ne semble pouvoir l'apaiser. Je sais aussi que la veuve se remarie, que l'orphelin finit par se consoler. Mais je sais aussi que derrière l'image apparente du bonheur, leur douleur reste, comme une ombre de l'âme. Et que je n'en suis pas encore là.

Je garde ces pensées pour moi, ne voulant pas abîmer la fragile tentative de Yin Qiu de changer de sujet. Après tout, il ne connaissait pas Xiao Hu Li, autant qu'il se préserve de la peine. Tout comme il ne peut comprendre le doute qui m'étreint. Je sais bien que ces pratiques immondes devaient cesser... Mais avais-je le droit de donner la mort pour autant ? Malgré l'absence de remords, j'ai la vague et horrifiante impression de m'être abaissée au niveau de mon adversaire, lors de ce combat...

Mais ça aussi, je préfère le taire. Le comprendrait-il, seulement ? Aussi je me contente de répondre :

- Ceux qui sont morts aussi pensaient lutter pour une cause juste. Et cela en suivant, selon eux, les préceptes de Bouddha. Cela prouve bien que même des choses aussi sacrées que les Sûtra peuvent être corrompues... Alors qu'importe que vous suiviez des préceptes, si vous agissez en accord avec votre coeur, si vous agissez avec compassion et en respectant les lois qu'ont faites les hommes... N'est-ce pas là le principal ?

Bien sûr, la mort ne devrait pas se donner aussi promptement qu'il le fait. Mais suis-je en position pour donner uen telle leçon ? Pour que la morale porte, celui qui la prononce doit être irréprochable...

Yin Qui dédia un sourire à la guérisseuse, ravi de la voir peu à peu surmonter son chagrin... Ou le paraître. Il saviat trop bien qu'on avait tendance à enfouir ces choses là...
"Vous parlez avec raison... Bien que j'ai du mal à concevoir comment ces fanatiques ont pu tant dévoyé les enseignement du Bouddha. Cela demande tout de même une sacré dose de mauvaise foi et d'hypocrisie. J'arrive presque à plaindre les pauvres malheureux qui se sont immolés... Par leur faiblesse de coeur et d'esprit, ils sont tombés dans les rets maléfiques de cette sectes qui flattait leur égoïsme et promettait la vie éternelle. C'est la peur et l'avidité, enveloppées de fielleuse paroles interprétant de manière tordue les Sûtra qui les ont corrompus. Ils auraient dû voir que nul vie ne peut et ne doit être éternelle. La roue doit tourner. Avaient-ils seulement imaginer le monde tel qu'ils le souhaitaient ? Les conséquences ? Un monde statique, dirigé d'une main de fer par des momies avides, spoliant et tuant les malheureux au nom de leur propre gloutonnerie, tout en prétendant les 'sauver'... Non, finalement je n'arrive pas à les plaindre."

L'eunuque se tut, car discourir en servant d'épaule secourable à Xiao Guang tout en traversant la forêt n'était pas chose aisée, mais pour voir si Dame Bai Zhu suivait bien.
Il se permit toutefois un dernier commentaire.
"Je suis bien d 'accord avec vous, mais je mettrais un bémol. La loi des hommes est hélas aussi facilement détournable de ses but que les saints écrits... Car elle n'est faite et appliqué que par des hommes, tout comme ce sont des hommes, faillibles, qui interprête les Sûtras. Parfois, pour le bien de tous, il faut parfois s'autoriser quelques petits... écarts à la légalité. Je suis sûr que Jin San Li et Dame Bai Zhu seront d'accord avec moi..."

- Les hommes ont fait des lois pour pouvoir vivre les uns avec les autres. Ne pas les respecter c'est souvent faire du tort à autrui. Même si cela ne tue pas des enfants, est-ce plus louable ? Quand Jin Sen Li vole les herbes d'un herboriste pour les donner à ceux qui ne peuvent se les payer, il empêche peut-être un guérisseur de sauver la vie d'une personne... Qui peut dire quelles sont les conséquences de nos actes ? On croit souvent bien faire, mais on fait mal si on n'agit pas en accord avec les lois, à moins d'être supérieur en esprit à la communauté. Mais une telle personne existe-t-elle ?

Je marque une pause. Parler m'épuise presque autant que marcher. Manquant de trébucher, je me raccroche plus fermement à l'épaule de Yin Qiu, mais mon bras commence déjà à fatiguer.

- Et quand nous supprimons une vie, sommes-nous sûrs que cette vie n'aurait pu finir par faire quelque chose de bien ? La roue dont vous parliez tourne souvent. Qui peut dire dans quel sens ? Si ces moines étaient influençables, n'aurions-nous pu les sauver par des paroles ? Ils auraient fait de bons soldats contre les Jins... Nous ne le saurons pas, désormais...

[Je vous laisse faire votre retour à la citadelle sur le sujet Cycle de l'eau]

[moi je laisse faire Yin Qiu, je suis sûre qu'il fera ça très bien... En plus c'est à lui de répondre ]