Chronique numero 1 : Dans la gueule du loup (Cycle de la Terre) [Lin, Bai et Lu]

Voyant l'armée Jin ainsi placé sur leur chemin, Lu Wu commence à avoir une grosse appréhension en ce qui concerne la possibilité d'accomplir la fin du voyage. Il regarde Lin sans cacher sa crainte avant de lui dire.

"Je pense pas qu'on puisse passer avec le chariot ... même sans d'ailleurs ... l'un de vous aurait un plan ?"

La jeune femme était à la fois horrifiée et fascinée par le spectacle. La surprise et le choc passés, elle examina la situation avec intérêt. Le nombre de troupes, les cavaliers et fantassins, leur répartition dans le camp, l'activité qui régnait, les chariots... tout l'intéressait. Vu de loin, ces gens ressemblaient à autant de petites fourmis industrieuses, et il était d'autant plus facile d'oublier que c'étaient des hommes. L'esprit stratégique de la jeune femme y voyait comme les pions d'un jeu de go.

C'est alors que la remarque de Lu Wu la fit revenir à la réalité. Perdant son air rêveur, elle fronça les sourcils. Cela leur compliquait la vie. Xiao Yu observa les civils qui évoluaient alentour : réfugiés, marchands, voyageurs... peut-être certains passaient-ils plus inaperçus que d'autres dans la région ? Il allait falloir trouver une solution. Ce serait extrêmement dangereux. En attendant, il allait falloir réfléchir, et camper quelque part.

"– Oh là là... nous allons devoir trouver une solution. Je ne peux pas rebrousser chemin maintenant. Et pourtant... je ne vois pas comment nous pourrions traverser ce... cette termitière ! Arrêtons-nous, observons, et réfléchissons. "

Bai Hou émergeait... De ses rêves, de sa mémoire, la masse rouge devant ses yeux n'éveillait en lui que le souvenir du sang versé. Trop de sang pour lui.

L'idée de traverser ce camp ennemi ne lui faisait ni chaud ni froid.

Comme la rivière qui coule à travers les montagnes, nous devons nous faufiler à travers les Jins.
Pour passer inaperçus, nous pourrions passer comme simple voyageur, au culot, sans à priori... comme l'eau qui coule sur la roche.

"– Ce plan a du bon, mais il a un inconvénient : qu'iraient faire de simples voyageurs dans une cité assiégée ? Il faudra faire croire à tout le monde que nous voulons juste passer de l'autre côté, pour nous rendre ailleurs. Mais où ? Quelqu'un connaît la région et sait où nous pourrions avoir besoin d'aller pour passer par ici ? "

Lin Xiao Yu observait toujours attentivement les lieux : topographie et état des troupes. Elle cherchait une faille, un endroit par lequel s'engouffrer, ou une activité qui aurait pu l'inspirer.

Le singe blanc fit un effort de recherche, il se gratta même la tête pour enfin repondre à Xiao Yu :
Si ma mémoire est bonne, à quelques jours de marche de Tian Chi se trouve Wu Shan, la montagne brumeuse et sa ville éponyme, Wu Shan Zhuang.

"–Intéressant... est-ce une ville commerçante ?"

Je ne sais plus... A vrai dire, je passe plus de temps dans les tavernes et maisons de bonne chaire, qu'à faire du commerce.
Quoi qu'il en soit, nous ne pourrons jamais passer avec notre charrette, à moins que nous ne l'utilisions pour soudoyer les premiers gardes.

Bai Hou regardait au loin et se continuait de réfléchir.
Attends, ça me revient... Wu Shan Zhuang n'est pas trés commerçante au vu de ses accès plutôt difficiles, mais c'est une ville charmante. Il doit même y avoir un monastère non loin.

De toute manière, c'est d'un prétexte dont nous avons besoin, pas de faire un cours de géographie...

"– Certes. Mais pour rendre notre prétexte crédible, en savoir un peu sur l'endroit où nous prétendrons aller, ça peut servir. Observons un moment l'activité des lieux. Voyons s'ils laissent passer des civils quelque part. "

J'essaierai de me souvenir plus de détail sur Wu Shan Zhuang... mais en trois ans, la situation à sans doute changé.

Dans le même temps Bai Hou se mit assis, et prit une gorgée d'alcool. Il s'étendit ensuite dans l'herbe et ferma les yeux pour se reposer et méditer.

Dans le pire des cas nous pourrons toujours passer par les voie de l'eau et les chemins secrets de la montagne...

Alors que Bai Hou énoncé la possibilité de passer au culot un sourire s'afficha sur le visage de Lu Wu

"Y a un moyen de pouvoir arriver dans l'armée Jin"

C'est alors que son regard se pose sur Lin avec un oeil critique

"Mais il va falloir vous arranger un petit peu"

Bai Hou répondit à Lu Wu :
Vous, nous, ... ? Développe donc tes idées Lu Wu. Qu'entends tu par "arranger" ?

"J'ai entendu dire pas mes anciens compagnons que les armées Jin recrutait parfois des portes sabres pour combattre. Je pense que si Lin se donnait un style plus ... méchante, on pourrait passer pour l'un d'entre eux"

J'ai peur qu'en étant "membre" de l'armée Jin on ai plus de problème que si nous restons nous mêmes. Je n'ai aucune idée de la structure de l'armée Jin et je ne sais pas ce que fait et doit faire un porte-sabre.

Bai Hou bailla longuement suite à sa remarque.

Que faire si l'on nous arrête et nous questionne ?

"Et bien je ne vois pas ce qu'on pourrait leur dire. On vient de piller un village et qu'on avait entendu qu'une armée Jin allait bientot s'amuser à botter le cul de quelques Song"

"–Mauvaise idée. Dans l'absolu, ça aurait pu marcher, mais je ne me sens pas capable de jouer ce rôle. En plus, je sais à peine me battre !
En revanche, Bai Hou, tu as parlé de chemins secrets... tu les connais ? Tu sais comment contourner cette armée ? Si c'est le cas, c'est très intéressant. "

Jouer au Jin ne me plait gère non plus... Nous n'avons pas la consistance pour cela.

De sa main gauche, Bai Hou se gratta l'épaule droite puis la replaçait sous sa tête. Il prit une longue inspiration puis continua pour répondre Xiao Yu.

Ces chemins secrets ne sont que sentiers escarpés et roches à fleur d'eau. Il est certain que les Jin n'y seront pas à moins que cela ne soit une patrouille à pied. Si nous choisissons cette option nous devrons faire face non pas à un ennemi innombrable, mais juste à la furie de la nature.

Malgré l'énumération des difficultés qu'ils auraient à passer, le singe blanc restait paisible. Le dédain qu'il porte aux éléments extérieurs le protège dans une forme ingénuité et d'inconscience. Peut importe ce qui arrive, la vie est comme cela et tous doivent mourir un jour.

"– Je pense que je préfère affronter la nature qu'une armée. La nature, au moins, ne nous veut pas directement du mal."

Xiao Yu réfléchissait, toujours en observant les mouvements au loin.

Lu Wu, qu'en penses-tu ?

"J'ai pas trop de problème avec les milieux accidentés. Mais je pense qu'on pourrait plus s'amuser en passant pour des mercenaires"

[Battez vous ! Battez vous !]

En fronçant les sourcils, Lin répondit, un peu sèchement :

"– On n'est pas là pour s'amuser, je te rappelle. C'est dangereux. Il se trouve que je dois passer de l'autre côté sans me faire repérer, sinon nous sommes tous en danger. Pour l'instant personne ne me connaît, j'aimerais bien que ça reste comme ça tant qu'on ne sera pas arrivés à destination. Et passer au milieu d'un camp plein de soldats de l'armée d'invasion n'est pas la meilleure solution si on peut l'éviter. "

Puis, se radoucissant :

"– Je pense malheureusement que tu auras plein d'occasions de "t'amuser" une fois qu'on sera passés. Le chemin que nous empruntons ne mène pas spécialement à une vie tranquille et ennuyeuse."

Peu m'importe... répondit Bai Hou de manière très détachée.

Lin sourit.

"– Tant mieux. Et toi, Lu Wu ?
Si on ne voit pas de moyen pour ces civils de traverser "naturellement" cette termitière, nous tenterons la voie forestière, si vous êtes tous d'accord. Je préférerais. Même si j'aurais aimé arriver vite.
Bai Hou, on pourra garder encore un peu la charrette, si on prend par la forêt ? L'objectif serait de faire traverser les sacs de riz avec nous. "

Le singe blanc se redressa et et jeta un œil à la charrette. Il se perdit un instant dans sa réflexion, puis il répondit à Xiao Yu.

Cela me semble compromit... As tu fait attention quand je t'ai dit que nous ne rencontrerions pas de cavalier Jin car ces voies sont impraticables pour des chevaux. Prendre la charrette avec nous n'est donc pas concevable.
Quand à porter des sacs de riz sur mon dos, uhmmmm.... Comment dire... Je n'en ai pas vraiment envie.