Chronique numéro 1 : Avant la tempête (Cycle de l'Eau)

"Ce n'est pas pour la soignée mais pour prévenir les problèmes"

Lu Wu enlève un bandage sur son avant bras droit

"Avec le temps j'ai appris à soigné les brulures alors autant que ca vous serve"

Touchée par la sincérité du jeune homme, je rougis un peu. Je suis aussi un peu gênée qu'on parle de mon infirmité.

- Ma... ma plaie est saine. J'ai été élevée dans un temple où il y avait... a toujours de très bon soigneurs. La blessure n'est pas très jolie, mais elle ne nécessite plus de soin. Si, par contre, vous avez encore besoin de remèdes, n'hésitez pas à venir me voir au dispensaire, je suis guérisseuse. Je pourrais mettre mes modestes connaissances à votre service, si vous le voulez. Cela fait longtemps que vous vous êtes brûlé ? La plaie n'est pas très jolie. Avec de meilleurs onguents...

Sans m'en rendre compte, je suis passée de ma brûlure à la sienne, de la gêne à la compassion.

"Ca ? C'est rien, j'ai l'habitude d'être brulé, l'inconvénient de jouer avec le feu. Je l'ai eu en ..."

Il jette un regard à Lin avec un petit sourire. C'était la brulure issu de sa fuite, lorsque Lin l'avait fait plonger dans la rivière

" ... plongeant dans une rivière lors d'un incendie"

Yin Qiu fit le chemin jusqu'au quartier général en servant de support à Xiao Guang tout en discutant des avantages et inconvénient de la célébrité. Il n'avait pas été facile de s'extraire de la foule galvanisé... Il faudrait qu'il propose au général de faire une petite fête pour marquer le coup... Même si cela piochait dangereusement dans les réserves de vivre, cela fournirait un exutoire assez amusant au peuple qui oublierait ses soucis et motiverait les soldats. Rien de tel pour oublier le siège...

"Comme je vous le disais, Dame Bai Zhu, je ne cherche pas particulièrement la reconnaissance éphémère du peuple. J'ai conscience qu'au moindre faux-pas, à la moindre erreurs d'interprétation, le héros peut devenir zéro..." déblatérait l'eunuque. "Mais la peur d'être jugé, en bien ou en mal, doit-elle retenir mon honneur et ma soif de justice ? Dois-je garder mes lames au fourreau de peur de défendre un ingrat ? Dois-je laisser ma langue acérée dans sa poche de peur de choquer ? Je ne le sens pense pas... Et puis, j'ai l'orgueilleuse prétention d'inscrire ma légende dans l'Histoire, de faire en sorte que mon nom ne soit jamais oublié, même si je n'aurais jamais de descendance... Et comme les saints Sûtra, celui qui un jour mon histoire se fera un jugement propre et l'interprétera comme il l'entend. J'espère au final passer pour un homme bon et noble, car c'est ce que j'aspire à devenir. Mais si des esprits chagrins contestent cela au final, peu me chaud : j'agis pour mes convictions."

Yin Qiu se tut, avisant les autres personnes qui attendaient elles aussi pour une audience.
L'eunuque en fut brièvement irrité : comme il venait de le déclamer, il était fier et estimait devoir être reçu promptement. Et il aurait aimé mettre fin à la corvée du rapport et des mondanités assez vite afin de s'écrouler comme une loque discrètement...
Mais ces pensées chagrines furent vite chassées par la splendeurs de la dame noble qu'il découvrit.
"On m'avait dit que le général Wang était trop concentré sur la guerre pour s'intéresser aux belles femmes." déclara-t-il, les yeux rieurs après avoir fait une courte révérence à Lin Xiao Yu. "Êtes-vous là pour le détourner de son devoir ?"
Il ne daigna jeter qu'un bref coup d'oeil à Lu Wu et Bai hou.
"Un splendeur poussant au cœur de la boue, vraiment..." susurra-t-il, taquin et calculateur : rien de tel qu'un peu de provocation pour en apprendre davantage sur ses étranges étrangers.

Du coin de l'oeil, l'eunuque suivait la conversation qui venait de s'engager entre Xiao Guang et la momie. Il se permit un petit sourire amusé : la guérisseuse s'était trouvé un nouveau chien perdu sans collier à s'occuper et sur lequel déversé son apparente inépuisable compassion. Tant mieux, peut être que cela atténuerait la perte cruelle qu'elle venait de subir...

Piqué par la remarque de Yin Qiu, Lu Wu ne s'adressa même pas à son détracteur, seulement à sa patronne

"Je peux utiliser mon talent sur lui ? S'il vous plait dame Lin"

Lorsqu'ils arrivèrent à la forteresse, Lin bouillait intérieurement de hâte. Elle avait tellement envie de rencontrer ce fameux général et de lui faire son compte rendu ! Elle avait de bonnes nouvelles, de mauvaises nouvelles... lesquelles d'abord ? les mauvaises peut-être ? Ou bien commencer son histoire depuis le début ? Elle ne savait pas.

Lorsque l'inconnu lui adressa la parole, elle sursauta, tirée de ses pensées.

Citation :

"On m'avait dit que le général Wang était trop concentré sur la guerre pour s'intéresser aux belles femmes." déclara-t-il, les yeux rieurs après avoir fait une courte révérence à Lin Xiao Yu. "Êtes-vous là pour le détourner de son devoir ?"

Rougissant violemment, elle resta un instant sans réagir. Le temps pour Lu Wu de voler verbalement à son secours, comme toujours.
Elle lui sourit fugitivement pour le remercier de son soutien, mais lui dit :
"– C'est très impoli de faire exploser les invités à peine arrivés quelque part, tu sais ? Je pense que nous n'allons pas devoir en arriver là. "

Puis, après cette phrase adressée à Lu Wu qui lui avait permis d'ignorer juste assez l'inconnu pour venger l'injure, elle se tourna vers lui, et, d'un air digne, lui répondit sans s'emporter mais sans lui adresser son habituel sourire poli :

"– Nous sommes des émissaires apportant des informations importantes. Je n'ai pas à vous parler de ma mission avant d'en avoir référé au général Wang. Sachez que je suis tout aussi concentrée sur la guerre que lui, ne vous déplaise. "

Soulagée par ce propos qui évacuait un peu de la gêne qu'elle avait d'abord ressenti, Xiao Yu se reprit, et s'inclina devant le moqueur inconnu.

"– Lin Xiao Yu, de Dali. Et vous êtes ?"

Cette fois, le sourire poli était de retour. Un vieux réflexe.

La salle d'état-majoir ouvrit ses portes pour révéler les trois officiers chargés de la sécurité de la ville, dont la cheftaine de la garde féminine qui regardait les nouveaux venus avec une certaine méfiance.
Une silhouette à peine plus haute que Lin était assise sur une chaise massive, penchée sur une carte et leva la tête lorsque le soldat annonça la venue des visiteurs.
Se redressant, le général Wang se leva, jetant un coup d'oeil à peine perceptible à Yin Qiu

- Yin Da Han, vous êtes sain et sauf ! J'espère que vos nouvelles me satisfairont autant que le fait que vous soyez toujours en vie...Asseyez vous, nous écouterons avec intérêt votre rapport.

Levant la tête vers les nouveaux visages émaciés des voyageurs, il les salua avec déférence

- Je savais l'allégeance de Dali fiable, mais pas au point d'envoyer ses émissaires jusque dans le Nord du pays. C'est un long voyage que vous avez du parcourir, Dame Lin. Soyez assurée de ma gratitude.
Excusez nos manque de manières, la situation ne se prête malheureusement pas à une réception officielle.

Pour Bai Hou, perdu dans les brumes de l'alcool, ce fût un choc.
La gestuelle, l'intonation et les expressions du général le ramenèrent plusieurs années en arrière, lorsque son propre père s'entretenait avec des officiels : courtoisie, franchise et une certaine habitude à aller directement au cœur du sujet.
Quant au visage de l'officier, enfantin et doux, il lui semblait refléter celui de sa mère lorsqu'il était enfant.

Lu Wu entra en suivant sa patronne et regardait autour de lui comme si il était en visite. Il n'était jamais dans une salle de commandement, ni même vu de général. Ce qui le frappa tout d'abord c'était les officiers qui étaient chargé de sa sécurité, au final ce ne sont rien d'autre que des gardes avec plus de galons

Sans remarquer le choc que vivait Bai Hou au même moment, Lin concentrait toute son attention sur le général. Elle était très surprise de son apparence, mais n'en laissa rien paraître, tant elle était soulagée d'être enfin admise en sa présence. Elle s'inclina respectueusement, et lorsqu'elle se redressa, son sourire était bien plus sincère que le sourire poli qu'elle venait d'adresser à l'eunuque.

"– Je ne m'attendais pas particulièrement à une réception, Wang Jiang Jun. Je ne suis pas venue pour la vie de cour, mais pour apporter mon aide et mon soutien. J'apporte diverses nouvelles, bonnes et mauvaises, et j'espère pouvoir vous être utile. Je vous remercie infiniment de m'accorder audience aussi vite."

Désignant d'un geste gracieux les deux hommes qui l'accompagnaient, elle ajouta :

"– Voici Lu Wu et Bai Hou, qui m'accompagnent. Ils ne sont pas vraiment au fait de ma mission, mais ils m'ont aidée pendant mon voyage, et m'ont parfois sauvé la vie, aussi ont-ils mérité ma gratitude. Peut-être pourraient-ils recevoir à boire et à manger pendant que nous parlerons ? A moins que vous ne voyiez pas d'objection à ce qu'ils assistent à notre entretien ?

Mais je pense que la priorité va au rapport de ces personnes qui attendaient avec nous : ils ont probablement des nouvelles plus fraîches à vous donner, s'ils viennent juste de rentrer de mission ? Je ne veux pas interférer. "

Sans s'en apercevoir, Lin avait adopté une gestuelle et un phrasé plus policés qu'à l'habitude. L'érudite de noble naissance qu'elle avait oublié d'être pendant tout le voyage resurgissait à présent avec naturel. Elle tenait toujours contre elle son bagage comme s'il renfermait un trésor. Et à ses yeux, c'était le cas. Elle était si impatiente de s'expliquer ! Mais la politesse voulait que, n'ayant pas été annoncée par avance, elle laisse d'abord la parole à ceux qui, eux, étaient attendu : l'eunuque et les deux femmes qui l'accompagnaient.

L'eunuque s'inclina devant la belle et noble demoiselle, un sourire amusé aux lèvres.
"Yin Qiu, belle et hardi demoiselle. Baladin, serviteur et défenseur de l'Empire et de son peuple à ses heures perdue." se présenta-t-il. "J'offre mon art et mes talents au général Wang pour le moment."
Intéressante jeune femme. Visiblement noble et éduqué, venant du Dali. Un long voyage, surtout avec la guerre... Elle ou ses compagnons devaient donc avoir un grand talent ou de la chance pour être ainsi passer au travers des lignes Jin. Vu leur dégaine atypique et leur comportement et vu qu'il n'y avait pas l'escorte et les serviteurs habituels d'une Dame noble en voyage, même discret, il parierait qu'ils étaient plus roué et dangereux qu'ils en avaient l'air. Des membres du Jiang Hu, peut être ? Voilà qui l'amusait beaucoup !
"Vous constaterez que le général aime s'entourer de talents variés. Pardonnez ma petite plaisanterie de toute à l'heure : il est rare que nous recevions des splendeurs tel que vous dans ce lieux bien martial."

Les portes s'ouvrirent enfin, laissant entrer les visiteurs. L'eunuque fut promptement accueillit par le général.
L'émissaire du Dali présenta son groupe, dont l'eunuque mémorisa les noms.
Une fois qu'elle se fut présenter, l'eunuque hésita : pouvait-il parler librement devant ces étrangers ? Mais l'étaient-ils, des étrangers, alors qu'ils étaient reçu dans le saint des saint de la défense de forteresse ? Il décida de quand même faire son rapport.

S'avançant, Yin Qiu fit une référence poli, mais que l'on sentait tout de même un peu épuisé.
"Bien content d'être de retour, mon général." lança-t-il comme s'il était un vieux ami. "Ce ne fut guère de tout repos, nous avons souffert dans nos coeurs et dans nos âmes... Mais le Mal qui rodait dans la forêt a été purifié par le feu et la lame. Il s'agissait comme nous le pensions, d'hommes peu scrupuleux et non d'apparitions. Une secte impie au principe dévoué a en effet bâtît un sombre temple dans la forêt. Ses larbins assassinaient et terrorisaient les voyageurs, ou bien pire, les enlevaient. Conduit au temple, il était sacrifié dans un rituel impie sensé apporté vie éternel aux pratiquants sans morale. Nous avons combattu les pseudo-fantômes dans la forêt. Prudent, j'avais demandé à la guérisseuse Xiao Guang ici présente de nous accompagner. Bien m'en a pris car seule ses incroyables talents et sa foi ont pu sauver l'un des chasseurs du poison mortel des sectateurs. Nous avons également été aidé dans le combat par un héros sorti de nul part, un certain Jin Lan Si qui s'étaient porté au secours d'une jeune femme enlevé par les sectateurs. Ensemble nous avons gagné le temple maudit, grimé en assassin grâce au tenue prise sur les cadavres de ses chiens. Hélas, cette supercherie fut vite éventé et nous nous retrouvâmes tous au milieu d'une cérémonie sacrificielle. N'écoutant que son courage, et peut être la voie du Bouddha de Miséricorde outré par ce culte, Xiao Guang s'opposa au grand prêtre de ce sinistre culte et le vainquit d'une manière que je ne saurais expliqué. Là, les fidèles privés de leur chef s'immolèrent d'eux-mêmes... Nous n'avons donc hélas pas de prisonniers à soumettre à la question."

Il tut pour le moment la présence de l'étrange coffret qu'il avait dérobé dans le temple en flamme. Il attendait la réaction du général et de ses conseillers pour parler de ce petit secret.

"Ah oui, j'ai dû improvisé une petite scènette quand nous sommes rentré... Je crains d'avoir fait un rapport, un poil enjolivé, au bon peuple... De toute manière, les chasseurs nous avait précédé, portant nos blessés, donc l'information allait être vite propagé. Autant que les gens se réjouissent de voir la forêt pacifiée..."

L'eunuque hésita avant de poursuivre, lançant un regard inquiet vers Bai Zhu.
"Auriez-vous des nouvelles des Spectres Blancs ? Malgré nos recherches, nous n'avons point trouver traces d'eux et l'inquiétude dévore nos coeurs..."

Bai hou ne bougea pas. Il restait sur place, ne disait mot. Son cœur battait à tout rompre.
Dans sa tête s'enchainait les images et souvenirs. Il cherchait à remettre un nom sur ce visage, jusqu'à ce qu'il entendit les paroles de Xiao Yu : Wang Jiang Jun.

Le singe blanc se surpris alors à prononcé son vrai nom : Wang Qi Bai... qui se mit alors à résonner lui aussi dans sa tête.

La vagabond était tendu et l'alcool qu'il avait bu amplifiait son malaise naissant plutôt que de le calmer. Il commençait à être pris de vertige. Il s'agrippa un peu plus fermement à son bâton.

Entendant un murmure s'échapper des lèvres de Bai Hou, Lin lui jeta un coup d'œil surpris : ce n'était pas son genre de parler pour ne rien dire. Quand elle vit sa pâleur et son air choqué, elle s'inquiéta.

A voix basse, elle lui souffla :
"– Bai ? Ça va ? Tu te sens mal ?"

Ce n'était pas le moment de faire un malaise, pourtant ! Et ça ne semblait pas être le genre de Bai Hou habituellement. Bizarre. Lin laissa un très léger froncement de sourcil trahir sa perplexité.

A l'énoncé du récit de Yin Qiu, le général applaudit

- Il semble que rien ne soit en mesure de vous arrêtez, vous êtes véritablement tout trois de véritables dons du Ciel...
La population y verra un signe et je ne puis vous en être que tout à fait reconnaissant. Je ferais ce qui est en mon pouvoir pour que vous soyez cités pour vos faits d'armes...
Cette histoire de culte ne m'étonne qu'à moitié, depuis l'avancée des Jin, les sectes de ce type se multiplient de plus en plus : lorsque la tempête souffle, les fruits pourris tombent au sol et prennent racine.

Pourtant le visage du commandant de la forteresse se figea au nom de Jin Lan Si

- Quoi ? Ce vaurien est également dans les parages...J'ai fait circulé un mandat d'arrêt à son encontre...Ne vous avisez pas à faire confiance à cet imbécile, il la reprendrait aussitôt pour son propre intérêt...Qu'il fasse le pied de grue devant les murs de la citadelle et rebrousse chemin. Nous serons plus tranquilles ainsi...

Mais très rapidement, Wang reprit sa contenance

- Mais quelle hôte honteux je fais...Vous semblez exténués, de même que vous Xiao ShiFu...Mes hommes parlent de vous comme une réincarnation de Guan Yin...Vous devriez tout de même vous ménager...Vous aussi Dame Bai Zhu, vous avez tous mérité un repos de roi...Je ferais porter dans vos appartements de quoi vous restaurer. Je veux vous voir en forme pour la représentation théâtrale de ce soir, qui sera livrée en votre honneur...

L'officier salua respectueusement le groupe de nouveaux venus, mais fixa Bai Hou d'un air étrange

- Votre compagnon se sent mal, dirait-on...Que l'on apporte une chaise à cet homme, il a fait long voyage pour venir jusqu'à nous..
Dame Lin, vous avez été annoncée par ma garde, et j'ai reçu une missive du général Pan, annonçant votre arrivée.
Je pense qu'il est temps de révéler à notre état major les raisons de votre venues...

Constatant qu'on offrait une chaise à Bai Hou, Lin fut soulagée. Elle n'avait donc pas à s'inquiéter pour l'instant, et pouvait sans scrupule se consacrer à son rapport. Souriant aimablement au général Wang, elle s'avança.

"– Je vous remercie, Wang Jiang Jun. Je suppose que si vous avez été averti de mon arrivée, je n'ai pas besoin de tout reprendre depuis le début. Vous devez savoir qu'au départ du Dali, j'avais espoir d'aider à défendre Jilin. Ce n'est qu'arrivée à Hangzhou que nous avons appris que la cité était tombée. Me voilà donc. "

Elle sortit de son sac les précieux plans de Jilin.

"– J'ai ici les plans de Jilin, que j'ai pu étudier en détails. Bien sûr, en partant, je n'imaginais pas que Tian Chi serait en état de siège à mon arrivée, et que reprendre Jilin ne serait pas une priorité. Néanmoins, je ne renonce pas à ce projet, bien qu'il passe en second sur la liste des choses à faire. "

Elle sourit d'un air d'excuse.

"– Toujours est-il que j'ai quitté Hangzhou par le fleuve, avec une escorte armée dirigée par Ning Da Han. C'est au cours du voyage que j'ai... rencontré Lu Wu."

Ses yeux se mirent à pétiller d'humour, et elle glissa un regard en coin à son camarade. Inutile de préciser les circonstances de leur rencontre.

"– Il nous a servi de guide pour éviter les patrouilles Jin. Tout allait bien, jusqu'à notre arrivée à Kang Shi. Là, nous avons rencontré une connaissance à moi, qui travaille également pour Pan Jiang Jun. Il nous a appris qu'un convoi de ravitaillement arrivait près de la cité, et que nous pourrions peut-être aider ces gens en les transportant sur notre embarcation le plus près possible de Tian Chi. Malgré le risque, nous avons bien sûr accepté de rencontrer le convoi, dirigé par un certain Qi, que Ning Da Han connaissait bien. Mais nous n'avons pas eu le temps de faire connaissance, car nous avons été attaqués par le Démon des mers du Sud et de nombreux assassins, qui ont fondu sur le convoi par surprise sans qu'on sache comment. Ce fut un massacre. Tous les hommes chargés de me protéger l'on fait, au péril de leur vie. Ils sont morts pour nous permettre, à Lu Wu et moi, de nous échapper et de regagner l'embarcation de justesse. Lu Wu s'est lui-même mis en danger pour me protéger. Nous n'avons pu fuir que par miracle. Je doute qu'il y ait d'autres survivants, mais rien n'est impossible, car les assaillants avaient l'air de chercher quelque chose ou quelqu'un, et il est possible que dans leur hâte, ils n'aient pas méthodiquement exterminé tout le monde.
Nous avons rencontré en arrivant un détachement de soldats dirigé par Lao Bu Si De et qui semblait avoir rendez-vous avec le convoi. Nous les avons informés de ce que nous savions, et ils ont continué leur route dans l'espoir que tout n'était pas perdu pour le convoi. "

Elle marqua une pause, le front plissé par la tristesse à l'évocation de ces sanglants événements.
Puis elle soupira, et se reprit.

"– En tout cas, nous avons poursuivi notre route à pieds avec Lu Wu, et nous avons rencontré Bai Hou qui nous a aidés pour la suite du voyage. Nous avons trouvé des sacs de riz dans un village abandonné à quelques semaines d'ici, et nous avons décidé de vous les apporter, pour soulager un peu la forteresse. Nous avons également rencontrer quelques pillards, et des réfugiés.
Bref. Nous sommes arrivés pour trouver Tian Chi assiégée, et la seule voie d'accès connue coupée par une armée, dont je pourrai si vous le souhaitez vous parler tout à l'heure, car je l'ai soigneusement observée. Nous avons donc décidé d'emprunter la forêt et la montagne pour trouver un passage. Je dois dire que c'est très mal gardé d'un côté comme de l'autre, et que c'est à la fois un bien et un mal : un bien si nous en profitons pour envoyer des espions, un mal si les Jin trouvent un guide pour nous envoyer les leurs. Car à part Lao Bu Si De, nous n'avons croisé personne. Le seul danger que nous avons couru fut celui de mourir de froid. "

Elle marqua un silence, le temps de rassembler ses esprits.

"– En conclusion, je suis ici pour vous assister du mieux que je le pourrai, mais également pour attendre les éventuels renforts que Pan Jiang Jun va tenter de réunir pour nous aider à défendre Tian Chi et à reprendre Jilin, qui n'aurait jamais dû tomber. "

Elle regarda le général dans les yeux, sérieuse et concentrée. Elle espérait avoir dit l'essentiel, et attendait d'éventuelles questions. Elle espérait que personne ne ferait ce que faisaient d'habitude les hommes de guerre en la voyant, c'est à dire prendre un air condescendant et l'envoyer faire de la broderie. Elle n'avait pas de temps à perdre en enfantillages.

Yin Qiu accepta les félicitations du général avec une modestie tellement feinte qu'elle ne pouvait que faire sourire ceux qui connaissait l'eunuque et son penchant pour l'esbrouffe et la renommée...
Avant que les émissaires du Dali commence leur récits, il glissa toutefois une requête à Wang.
"Général, je ne connais que peu ce Jin Lan Si, mais... Bien que visiblement satisfait de sa personne et beau parleur, un peu filou et coureur sur les bords, il m'a fait l'impression d'être un homme bien. Il s'est volontairement aventuré seul dans ce terrible monastère pour sauver une âme innocente et bien qu'épuisé et connaissant le danger, il n'a pas hésite un seul instant à nous accompagner. J'ignore quels sont ses crimes passés, réels ou supposés, mais dans notre situation, nous ne pouvons détourné une main secourable."

Il baissa la voix pour n'être entendu que par le général (ou presque, sa voix flûté portant assez bien).
"Dame Bai Zhu et ses hommes en sont le parfait exemple. En récompense de ses services, pourquoi ne pas proclamer une amnistie pour Jin Lan Si ? Votre générosité sera loué et... Il vaut parfois mieux savoir où se trouve certaine personne pour mieux les surveiller."

Laissant le général méditer sur tout cela, Yin Qiu s'installa confortablement pour écouter le récit des nouveaux arrivant, non loin de Xiao Guang.
Avisant le regard triste et troublée de la guérisseuse, l'eunuque se mordit les lèvres. Pressé par la fatigue et le désir d'accomplir son devoir, il s'était précipité dans son rapport et n'avait pas songé qu'il allait ravivé de douloureuses pensées, la forçant à revivre l'horreur de cette journée.
"Désolé de vous infliger à nouveau cette journée..." murmura-t-il pendant que Lin Xiao Yu et sa troupe s'avançait. "Mais ainsi, vous bénéficierez du confort du quartier général et du soutien du général Wang. Croyez moi, en ces heures douloureuses, vous ne devriez pas rester seule. La tristresse, bien que nécessaire, à tendance à ronger l'âme de du solitaire. Wang fera tout pour vous distraire et atténuer votre peine, j'en suis certain. Bien que millitaire, c'est quelqu'un de sensible."

Il hésita un instant avant de poursuivre sur le ton de la confidence.
"Et je crains hélas d'avoir un motif plus égoïste pour vous garder à mes cotés, outre le désir de gagner votre amitié. J'ai emporté quelque-chose du temple maudit avant qu'il ne brûle. J'aimerais que nous l'examinions ensemble avec le général. Nous y trouverons peut être des indices sur ce culte et ses extensions... Il est évidemment que ce genre de pratique doivent être stopper."

L'eunuque se tut pour écouter le récits de Lin Xiao Yu, non sans avoir lancer un regard désapprobateur à Bai Hou. Celui-ci était-il si ivre ? Comment osait-il se présenter ainsi devant le général Wang ? Bah... Certaine personne fuyait la réalité d'étrange manière...

Après le récit de la belle noble, Yin Qiu laissa échappé un sifflement admiratif.
"Et bien ! Nous ne sommes pas les seuls à affronter milles danger pour la gloire de l'Empire. Recevez ma sincère admiration. Nous avons bien besoin ici de gens roué et déterminé comme vous."
Une partie du récit rappela une information qu'il avait omis sous le coup de l'excitation.
"Général, à propos de vivre... Les moines fou disposaient d'une petite réserve de nourriture pour nourrir leur congrégation impie et leur assassin. Nous devrions envoyé une patrouille récupérer tout cela. Il suffira de se méfier des pièges restant..."

Quand Yin Qiu s'adresse à moi, je trouve la force de sourire, pour le rassurer. Je lui réponds en murmurant :

- Les distractions ne sont une chose que je recherche, mais je vous remercie de votre sollicitude. Je pense que je retournerai au dispensaire : l'amie de Jin Lan Si attend des soins, et peut-être d'autres personnes aussi... Dès que je serai reposée, il me faudra prendre soin d'eux. Je ne souhaite pas être inutile ici.

Quand il parle de l'objet, je le regarde, surprise.

- Oui, bien sûr. On en saura peut-être plus - encore que j'ai déjà quelque idée sur qui ils sont...

Je profite de la prise de parole de Yin Qiu pour enchainer - trop confuse pour rougir de mon outrecuidance :

- Si vous le permettez, Jiang Jun, j'aimerais défendre moi aussi Jin Lan Si. Ce brigand n'est pas aussi mauvais que les autres. Il a, au péril de sa vie, sauver une amie, et nous a mené affronter ces Bouddhistes dévoyés. En outre, je l'ai vu faire déjà, dans ses étranges pratiques. Il vole au riche pour donner aux pauvres, parmi lesquels il est très populaire. Faire preuve de mansuétude à son égard pourrait être très bien vu par les gens que vous protégez, et qui vous serent... De plus, il s'agit là d'un guerrier émérite, qui pourrait vous rendre de très grands services...

Je marque une pause, rosie par l'excitation.

- En outre, j'aimerais vous soumettre une requête, si vous le permettez. Certains des hommes qui ont été combattus aujourd'hui n'ont pas reçu de sépulture décente. Quel espoir peut-il y avoir pour eux de transmigration meilleure dans de telles conditions ? Aussi je demande la permission de retourner dans la forêt, dès que j'aurais pris un peu de repos, pour effectuer les rites funéraires sur leurs corps. Je pourrais profiter de l'expédition envoyée pour récupérer la nourriture pour retourner en forêt...

Je ne précise pas, exprès, qu'il s'agit des moines aux masques, m'attendant à un refus sinon.

Le général Wang écouta attentivement le récit de Lin et approuva d'un signe de tête

- Votre voyage témoigne de votre valeur, Lin de Dali. Peu de gens auraient montrer autant de détermination devant un tel danger.
Vous soulignez également les failles de notre système. Il est vrai que nous sommes à la merci d'espions, mais devant le désespoir de la situation et le manque de temps, je n'ai pas trouvé le courage de fermer la porte aux gens qui me demandaient secours : c'est, je crois le devoir de tout représentant de l'armée du Fils du Ciel.
Le commandement et la stratégie sont deux choses, bien distinctes, Lin guniang et tous les facteurs humains ne se gèrent pas comme une partie de go.

Ce sont de bien funestes nouvelles que vous m'annoncez ici, car si le convoi n'est pas en place, nous avons envoyé Ma Huo Yan pour rien prendre des risques inconsidérés, sans compter qu'il comportait des pièces nécessaires à notre défense. Le temps que les troupes du seigneur Pan atteignent notre position, nous serons déjà anéantis.
Toutefois, tous les renseignements que vous pourrez nous fournir revêtiront une importance cruciale. De plus, je suis moi même un homme de terrain, et mes connaissances en stratégie militaire viennent plus de l'expérience du champs de bataille que d'études poussées, nous verrons si votre talent peut nous être d'un secours salutaire. Dix mille guerriers ne valent pas un trait de Zhu Ge Liang...

- Wang Jiang Jun, vous n'allez pas laissez une enfant... commença un des deux officiers, indigné

- Patience...Je n'ai pas dit que Dame Lin serait au commande, je tiens à m'assurer des ses réelles dispositions. Quant à vos préjugés sur la présence d'une femme dans l'armée, je vous rappelle les résultats que nous avons obtenue avec la milice féminine, qui joue aussi bien son rôle que vos volontaires. le coupa calmement mais fermement le général, dont l'intervention fit discrètement sourire la cheftaine de la milice.

Il s'irrita en revanche contre la plaidoirie en faveur de Jin Lan Si, mené de deux fronts différents

- Assez de ce Jin Lan Si ! J'aimerai encore savoir si vos actions d'éclat vous ont permis d'obtenir un mandat céleste sur cette forteresse, maître Yin ! Quand à vous, shifu, je croyais les proches du Bouddha moins enclin aux choses de la gaudriole ! Si vous êtes tombé sous son charme vénéneux, je vous met en garde : je connais l'animal depuis un certain temps déjà. L'énervement fit pourtant bientôt place à un propos plus posé
Votre idée à tout deux ne manquent pourtant pas de ressort, nous utiliserons les réserves de ces moines et vous aurez tous loisir d'enterrer ou de brûler qui vous voudrez, shi fu...

Lin écouta patiemment les réactions du général. Elle fut soulagée qu'il ne se moque pas d'elle, et qu'il lui laisse une chance de faire ses preuves. Lorsqu'un officier la traita d'enfant, elle sentit monter la colère. Il ne suffisait pas qu'ils la jugent sous prétexte qu'elle était une femme, ils ajoutaient son âge dans la balance ? Si elle avait été un homme, jamais on n'aurait appelé "enfant" une personne de 22 ans. Elle n'intervint pas, et se retint de jeter un regard vénéneux au coupable. Elle lui montrerait ce qu'elle valait, ce serait bien plus efficace que des paroles.

"– Wang Jiang Jun, je ne suggérais bien sûr pas de fermer la forteresse aux réfugiés. Mais sans doute quelques patrouilles dans la montagne éviteraient-elles les problèmes, d'autant que certains réfugiés risquent de mourir de froid en se perdant dans la montagne pour vous rejoindre. C'est ce qui a bien failli nous arriver. "

Elle marqua une pause, et sembla réfléchir à voix haute :

"– D'autre part, je ne pense pas que cette forteresse courre un danger immédiat d'être conquise par la force. Les Jin sont nombreux et bien armés, mais ce sont essentiellement des cavaliers, et actuellement, aucun cavalier ne pourrait arriver jusqu'à nous, encore moins une armée. Le danger immédiat vient de la situation intérieure à la citadelle : ravitaillement, sécurité intérieure... Dans ces domaines, notre meilleure connaissance des lieux joue pour l'instant en notre faveur, ce qui nous laisse un peu de temps pour nous retourner. "

Elle sembla sortir d'un songe, et secoua la tête, puis sourit.

"– Veuillez m'excuser, ce n'est pas le moment je suppose. Je pensais à haute voix."

Profondément choquée par l'allusion du général Wang - peut-être parce qu'elle détient un fond de vérité - je trouve la force de me relever. Je suis rouge, mais cette fois je ne le cache pas derrière mes cheveux. Cependant, mon ton reste très calme. De toutes manières, je suis trop épuisée pour m'énerver vraiment. J'ai juste désormais la certitude que je 'nai vraiment rien à faire là.

- Général, vous êtes aussi prompt à encenser qu'à insulter. Voilà un trait bien remarquable en vérité ! Si vous le voulez bien, je vais rentrer au dispensaire me reposer avant de mener à bien la mission que je me suis confiée, avant qu'un autre trait d'humeur vous fasse à nouveau changer d'avis à mon sujet. Je ne pense pas encore avoir à faire ici, où je n'étais pas venue pour essuyer des rancoeurs personnelles. Si vous le permettez, conlus-je en m'inclinant, j'aimerais me retirer.