Chrnonique numero 1 : Les mains des héros ne sont pas toujours tâchés de sang

Xiao Guang

Le général hocha la tête, alors qu'un repas végétarien était servi aux deux moines

- Le chemin de la paix est jonché de sang innocent mais nécessaire. Il est illusoire de penser que l'homme est supérieur au loup. Mais vos illusions sont louables et nous vous laisserons partir, comme convenu. Comment a réagit votre état major face aux demandes que je leur ai soumises ?

Voyant la tournure que prenaient les événements, Xiao Yu pensa que ce n'était pas son rôle de calmer la foule. Elle n'était pas aussi brillante rhétoricienne que Yin Qiu, et la vue de la tête tranchée la rendait vaguement nauséeuse.
Poussant un soupir, elle reprit ses esprits, et décida qu'il était d'autant plus temps de se mettre au travail que la situation se dégradait rapidement.

S'adressant aux personnes alentour, elle dit d'un ton décidé :

"– J'ai besoin de main d'œuvre pour construire des machines de guerre. J'ai des plans qui permettront d'en monter rapidement et efficacement. D'autre part, que quelqu'un prenne en charge la répartition des marmites et du sable pour défendre les remparts. Il n'y a pas une seconde à perdre. Il me faut aussi des blocs de pierre pour les machines, pour les projeter sur l'ennemi s'ils passent à l'attaque. Vite. "

Je ne réponds à son discours sur les illusions que par un sourire serein. Je sais bien qu'il est inutile de vouloir arrêter le vent qui souffle, qu'il s'épuise de lui-même. Ainsi semble être l'homme de guerre en face de moi.

- J'ignore ce qu'ils ont dit de vos exigences, j'ignore même que vous en eussiez. Vous avez l'air bien au fait de ce qui se passe à l'intérieur de la forteresse, je suis surprise que vous ne le sachiez pas. Pour ma part je suis restée éloignée de l'état major, je ne vois pas en quoi aucun de mes conseils aurait pu leur être utile, et ainsi ont dû penser les hommes de guerre.

Je souris toujours, d'un calme auquel Bouddha lui-même n'aurait rien à dire.

Forteresse

L'agitation gagnait la main d'oeuvre sous les ordres de Lin Xiao Yu : apeuré, excité, mal formée, elle perdait du temps, n'était pas entièrement à son travail et en trois heures, seules deux machines avaient été construite de bric et de broc : il avait fallu démonter un certain nombre de bâtiment et d'immanquables accidents étaient survenus...

La recherche de Yin Qiu connaissait, elle, plus de succès : un vieil homme à l'air de fouine se présenta comme un excellent médecin...
Mais il exigeait des égards et une préparation mystiques assez étranges..

- Réservez moi le grand temple que les moines ont désertés et laissez moi me concerter avec les immortels...Vous ferez venir à moi les blessés et ils recevront la bénédiction du Vieux Zhu, le Roi de l'écorce de pêcher... glapissait-il avec ferveur

Xiao Guang

Le général leva un sourcil circonspect en direction de Xiao Guang

- Vous n'avez pas reçu des nouvelles de votre émissaire ? La jeune femme du Xia, qui a chevauché jusqu'ici au matin ? Est-ce la raison pour laquelle vous êtes aussi peu nombreux ? Dois je penser que les autres dresseront leurs armes contre moi ?

J'élude :

- Peut-être le message est-il survenu après notre départ, nous avons croisé un de vos cavaliers sur notre route qui galopait à toute allure vers la forteresse.

Les sourcils de Nuarchi se froncent imperceptiblement

- Je n'ai jamais envoyé de cavalier...

Le général frappe du poing sur la table pour faire venir, dans sa langue, un soldat...Celui-ci, visiblement effrayé, quitte la tente précipitamment...

- Shi Fu...Vos dires sont très graves...Mais je vais m'en tenir à ma parole...Je vous laisse le champs libre, mais ne revenez sous aucun prétexte...Sans cela, je serais obligé de vous considérer à nouveau comme notre ennemi...

Je me lève et m'incline en remerciement pour l'accueil.

- Nous vous remercions, Jiang Jun.

Si ses dires me laissent perplexes, je n'en laisse rien montrer. Mais il semblerait pourtant que quelqu'un cherche à orienter vers la guerre et le massacre l'affrontement de Tian Chi. Qui ? Et pourquoi ?

Autant de réponses auxquelles je n'aurai sans doute aucune réponse. Désormais, je me dois de conduire nos civils en sécurité.

Bien que respectant la religion, Yin Qiu n'était pas un spécialiste et ne pouvait guère jauger du culte de l'étrange vieillard.
Mais à cheval donné on ne regarde pas les dents, aussi donna-t-il des ordres (bien que son autorité soit, au mieux, discutable) pour satisfaire les desiderata de l'étrange médecin.
Toutefois l'eunuque avait été suffisamment échaudé par des moines à la doctrine flou pour rester méfiant. Il délégua donc quelques soldats pour "aider et protéger" les médecins et apothicaires, avec l'ordre discret de garder les yeux ouverts...

Ces préparatifs effectués, Yin Qiu demanda à ce que soit amener ce qui restait de l'héroïque et malchanceuse émissaire. Il souhaitait que les moines organise une petite cérémonie, même en l'absence de son corps.
"Quelle tragédie... Une femme si belle et si volontaire..." soupira-t-il en organisant cette sinistre besogne. "Je n'aurais pas cru qu'un conquérant comme Nuarchi se livre à une si odieuse provocation. Vraiment ces Jin ne sont que des barbares..."



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Non, je ne suis pas mort. Mais je suis peu dispo en ce moment/trop crever quand je rentre pour penser. N'hésiter pas à faire ahir Yin Qiu si vous voyez que je mets trop de temps à répondre.
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Bien qu'alarmée par le manque d'organisation et les accidents, la jeune émissaire encourageait de son mieux ses ouvriers improvisés. Quelques machines, c'était mieux que rien du tout, et elles serviraient peut-être simplement à pousser les Jins à ne pas attaquer sans réfléchir. Elle demanda aux hommes de continuer. Il fallait monter encore quelques machines, au moins deux autres, si on voulait que ça puisse être efficace. Pendant ce temps, elle inspecta les machines déjà construite et regarda ce qu'elle pouvait faire pour les améliorer et les stabiliser. Elle espérait aussi que ses ordres concernant le sable et les marmites avaient été correctement suivis.

Difficile d'organiser convenablement la petite troupe de volontaires, qui agissaient avant tout dans la précipitation...
Un vieux lettré secoua la tête au passage de Lin Xiao Yu, et cita Confucius à voix haute, secouant la tête

- Celui qui ne craint pas de promettre de grande chose à de la peine à exécuter...

Un petit homme épuisé s'essuya le front et s'approcha de la jeune stratège

- Lin da ren, Il nous manque des menuisiers pour effectuer correctement le travail. Certains ont été assignés à d'autres tâches.
La sélections des volontaires pose des problèmes. Nous avons agis avec trop d'empressement.

Un officier mit également genoux au sol pour poser son rapport

- Lin da ren, les troupes de Nuarchi devraient être là d'ici le soir...Nous avons encore quelques heures devant nous...Devons nous nous préparer à armer les machines ? Nous disposons d'une très petite garnison, car le général a déjà organisé les placements des archers et des lanciers sur les remparts...Nous avons une cinquantaine d'homme et la milice en compte cent de valides...

Les quelques soldats de Yin Qiu revinrent assez vite auprès de lui pour lui faire part de leurs inquiétude. L'étrange vieillard aux prophéties apocalyptiques terrifiait les habitants de Tian Chi, lisant à voix hautes de cryptiques divinations du Yi Jing...

Soupirant, l'eunuque abandonna sa tâche qui consistait à organiser le chaos d'homme mal ou pas formé à la guerre qui tendait d'aider sous la pression d'une invasion barbare imminente.
Suivant les gardes, il se rendit auprès du vieillard promut médecin en chef.
Feignant d'avoir à faire prêt du dispensaire improvisé, il écouta les élucubrations du prédicateurs.

"Je vois que vous êtes un pratiquant du Yi Jing..." déclara au bout d'un moment Yin Qiu, qui n'était absolument pas au fait du système de divination, mais ignorant superbement ce détail. "Je ne suis pas un grand initié dans la chose, mais je le trouve fascinant. Je vous écoute depuis un moment déjà, mais je crains que votre interprétation penche un peu trop d'un coté. Dans toutes choses, la balance ente le Yin et le Yang doit être examiné soigneusement. L'état de siège joue sur les émotions et les humeurs de celui qui interroge la destinée, faussant par là même la prédiction..."

Le terrain était glissant pour l'eunuque, qui bien que vaguement au fait des théories, n'était pas un spécialiste.
Il essayait de compenser par son assurance d'acteur et son ton décidé.
Très vite, il enchaina.

"Mais foin des prédictions et des caprices du Destin. Les hommes doivent affronté le monde et ses épreuves sans peur ni angoisse, comme la fait la sainte Xiao Guang. Je suis persuadé que son courage et sa dévotion seront récompensé et lui permettront à elle et ses disciples de franchir les épreuves à venir..."

Yin Qiu avait un peu honte de se servir de l'aura de la jeune moniale qui avait tant marqué les esprits. Il espérait qu'elle allait bien et que les Spectres Blancs saurait la protéger des périls à venir.
En montrant son inébranlable confiance (simulée) en leur succès, l'eunuque voulait rassurer le peuple sur leur devenir et dévier les pensées des sombres prédictions apocalyptiques.

"Hâtons-nous plutôt de nous préparer au mieux. L'heure n'est plus à la divination : nous sommes trop prêt d'un changement, d'un dénouement final pour nous interroger sur un futur si imminent. Il est temps de l'affronter de note mieux." conclut-il.

- Toi ! Toi, serpent damné ! Tu voudrais t'opposer à la volonté du Ciel ?! Tu oses ? fit le vieil homme en bondissant et coassant presque comme une grenouille.
Les hommes présents ne savaient plus vraiment à qui se fier, mais la figure héroïque de Yin Qiu leur paraissait plus rassurante que l'ancêtre et ses malheurs...

- Ho ! Ho ! Prépare toi ! Oui prépare toi à la vengeance de l'Empereur du Ciel ! Car si tu ne sais reconnaître la parole de la sagesse, le juge Yan Luo t'enverra ses soldats démoniaques et c'est valable pour vous tous ! Entendez ! Entendez ! continua t-il en fixant de ses yeux fou les quelques hommes qui se retirèrent pas très rassurés...

Une heure passa lorsque le général Wang se rapprocha de la jeune stratège, en armure, les cheveux retenus par un simple foulard.

- Où en sommes nous, Lin da ren ?

Un seul coup d'oeil lui permit de répondre elle-même à sa question. Elle soupira avant de reprendre...

- C'est bien ce que je craignais...Espérons que le sable soit suffisant. De ce coté-ci, il ne semble pas y avoir autant de problème...

Un cri résonna du haut des murailles, alors que la nuit commençait à tomber...

- Les torches de l'armée de Nuarchi sont visibles ! Les troupes approchent ! Les troupes approchent !

La main gantée de l'ancienne officier vint se poser sur l'épaule de Lin Xiao Yu

- Contente de vous avoir connue...A moins d'un miracle, nous nous reverrons dans les Sources Jaunes ou dans une prochaine incarnation...

Yin Qiu commençait à se laisser gagner par l'irritation.
S'il avait du respect pour les croyances de tous, le fanatisme lui faisait horreur. Il avait vu tant d'homme décidé du destin d'autre sous prétexte de signe, de divination ou d'interprétation fumeuse des doctrines.
Et il y a pas longtemps, dans une forêt maudite, cela avait couté cher à ces amis et mit en péril la Forteresse.

L'eunuque perdit donc patience à ce souvenir : le vieillard lui rappelait trop quelque odieux prélat maniant la dague pour assouvir ses propres croyances tordues.
"Suffit !" tonna-t-il d'une voix aigüe et glaciale, que pourtant on hésiterait à qualifier de féminine. "Laissons les Dieux décider plutôt qu'essayer de deviner leur dessin. Nous verrons qui a raison. Je vous laisse un choix : servez en silence et aidez les nécessiteux au mieux de vos compétences, tel que les écrits du Bouddha l'enseigne ou déguerpissez ! Allez vous couchez en gémissant devant une mort que vous jugez certaine, insultant par là le courage de nos défenseurs !"

Le ton de Yin Qiu se fit plus menaçant et insidieux encore.
"Si ce marché ne vous sied pas, je me charge d'être votre soldat démoniaque, votre juge et vote bourreau ! Chien, vous n'avez pas le moindre courage : vous n'affrontez pas la menace comme nos soldats et nos volontaires, ni n'essayez de changez les choses comme la noble Xiao Guang !"

Il se retourna, méprisant, faisant signe aux gardes qui avait écouté la dispute de ne pas laisser hors de vue l’irascible vieillard.
"Sur ce, j'ai une aide à fournir,pour sauver un maximum de vie, une guerre à mener pour défendre notre honneur et notre Empire. Nous verrons qui sert la volonté du ciel au final."

[A t'on perdu notre stratège ?]