Chronique n°1 : Cendres et poussière (Cycle de la Terre)

Voir ainsi s'effondrer quelqu'un est toujours une chose déplaisante, parce que c'est très embarrassant et qu'en règle générale, les gens se sentent stupides et ne savent jamais comment se comporter.

Mais dans son métier où se mêlaient l'art délicat du séduisant mensonge et la vie difficile de courtisane, Yu Yan s'était parfois trouvée confrontée à ce genre de situation. Le réconfort était une chose précieuse, rarement dispensée, alors la danseuse se contenta de garder la jeune fille dans ses bras et de la consoler avant de l'entraîner à l'intérieur du dispensaire improvisé. Xiao Guang n'avait pas à subir l'humiliation supplémentaire de se donner en spectacle.
Et si Jin Lan Si avait un peu de pudeur, il irait faire un tour ou se ferait tout petit dans un coin de la pièce.

Elle s'assit avec elle sur les coussins et resta un long moment à ne rien faire d'autre qu'être près d'elle. Sa simple présence la calmerait bien mieux que n'importe quoi d'autre. La main fine frotta doucement le dos tendu, de concert avec le léger bercement qu'elle imprimait au corps. Lorsque les sanglots se firent moins fort et que le calme sembla revenir un tant soit peu dans l'esprit de la jeune fille toujours contre elle, Yu Yan lui demanda à voix basse :

- Et si vous me racontiez ce qui vous cause tant de chagrin...

M'écartant un peu de la danseuse je secoue la tête.

- Je ne peux pas... Mais merci, Gu Niang.

Jamais encore je n'avais connu la tendresse du réconfort. Jamais je n'avais senti une main bercer mes chagrins. Qu'il est doux ce moment où l'âme peut faiblir sans avoir honte ! Je ressens de la gratitude pour cette jeune femme, et une forme d'amour emplit mon cœur, mêlé de reconnaissance, d'affection, d'estime. Un sentiment que je ne connaissais pas jusqu'alors, et qu'instinctivement, pour avoir déjà entendu ce nom, j'appelle "amitié".

Je sèche mes larmes et me redresse, sourit un peu, réchauffée par ce nouveau sentiment, mais épuisée par tous ces sentiments nouveaux - colère, rancune, désespoir, abandon, réconfort - qui n'ont fait que se chambouler depuis le début. Les longues marches dans la steppe me paraissaient moins éreintantes ! Pourtant, je dois bien une explication à celle qui m'a donné de son temps...

- Le moine qui est venu me chercher... Il m'a parlé de mon passé. Ca m'a... chamboulée. Je suis désolée de prendre autant de votre temps.

Je comprends alors, en disant ces paroles, que cette amitié nouvelle ne fait en fait que renforcer l'admiration naissante que j'ai toujours eu pour elle. Soudain, je comprends un peu la fascination de Xiao Hu Li pour le voleur - et comprends le danger d'un tel sentiment. Mais le moyen de raisonner son cœur ?

Yin Qiu salua le général.
"Il est tard, en effet. Je vais me retirer dans mes quartiers."
L'eunuque hésita un instant avant de poursuivre.
"Je dois participer demain avec les hommes de Dame Bai Zhu à une petite battue en forêt, pour démystifier ses fantômes et les chasser de nos bois. Si nous ramenons quelques têtes de ces mécréants, il y aura là une belle occasion de festoyer."

Saluant une fois de plus, s'inclinant avec respect, l'eunuque se retira.
Il gagna ensuite les quartiers hospitalier promis par le général.
Enfin, il allait prendre un peu de repos...

[Jin Lan Si est parti....Yin Qiu est au lit ^^]

Yu Yan hocha la tête, sachant très bien ce que sa compagne d’infortune éprouvait. Elle lui servit une bonne tasse de thé et la lui mit entre les mains, lui sourit de nouveau avec chaleur.

- Le passé est toujours douloureux quand on en ignore tout. Ce sont nos racines. On dit qu’un arbre ne peut vivre sans racine mais je peux dire du haut de ma petite expérience de la vie que les hommes y parviennent parfois.

Elle essuya avec douceur les joues de la jeune fille et écarta quelques mèches de ses yeux. Le feu avait marqué son visage mais elle ne voyait pas les cicatrices, pas plus qu’elle n’éprouvait de la pitié pour elle. C’était le moindre des respects.

- Je vous en prie, restez ici et partagez mon coin du dispensaire. Vous avez besoin de souffler, de vous reposer. Je me charge de retrouver Petit Renard en ville, j’y ai quelques connaissances. Posez votre fardeau cette nuit et dormez sans arrière-pensée. Demain est un autre jour.

Elle posa un châle sur ses épaules et serra doucement ses doigts. La guérisseuse semblait avoir cruellement besoin de réconfort et de chaleur.

- Je m’appelle Yu Yan. Bienvenue dans ma très modeste demeure.

Savourant cette douceur inconnue, ces gestes réconfortants et ces attentions chaleureuses, je me laisse doucement bercer par cette tendresse enveloppante.

- Merci, Yu Yan. Je suis Xiao Guang, et je vous suis infiniment recevable.

Peu à peu mes paupières se ferment d'elles-mêmes. Je m'allonge en m'endors sans demander mon reste.

Yu Yan ramena la couverture sur son invitée et souffla la lanterne, puis sortit dans la ville en quête de Petit Renard. L'enfant allait être difficile à trouver et elle n'aurait pas trop de la moitié de la nuit pour lui mettre la main dessus.
Elle commença par aller trouver les Xia de la forteresse pour leur demander un petit coup de main, puis chercha dans les endroits qu'on lui indiqua. Le garçonnet n'avait pas dû manger et il lui fallait un toit pour dormir.
Avec un peu de chance, elle retrouverait Jin Lan Si en chemin et ils le chercheraient à deux.

- Alors, où te caches-tu, chenapan ?

Je me réveille, apaisée. Mais sitôt les yeux ouverts, tout me revint en mémoire - ma colère, ma tristesse, mon dégoût de moi-même... Petit Renard ? Où était petit renard ? Les questions du moine à son sujet me reviennent en mémoire et l'inquiétude, soudain, serre mon ventre.

Ma première action sera d'interroger les gens du dispensaire à son sujet.

De plus en plus inquiète, le ventre tout tordu, je retourne sur la place en quête d'éventuels badauds présents la veille, qui auraient vu le petit garçon partir dans une quelconque direction...

La jeune femme s'inclina bien bas devant la servante qui l'avait si aimablement renseignée et accepta la tasse de thé qu'elle lui offrit. Profitant d'un moment où elles étaient relativement seules, elle lui demanda à mi-voix avec un sourire :

- Je m'excuse de vous poser cette question mais... Je viens d'arriver ici et je ne suis pas encore familière avec les gens d'ici. Qui est donc ce Xia habillé comme les Chinois d'ici ? Il ne cesse de me regarder depuis tout à l'heure...

Yin Qiu salua les responsables de la sécurité et la capitaine par quelques banalités.
"Salutations. Je vous aurez bien souhaitez le bonjour, mais la Nature semble être contre. Un sale temps." déclara-t-il. "J'espère que cela ne compromettra pas nos projets..."
Baissant le ton, les yeux pétillant d'amusant, il s'adresse plus particulièrement à la milicienne.
"Shen Niang, avait vous pu vous débrouiller avec Ma Huo Yan ? C'est un homme courageux et franc du collier, parfois impulsif ou peu diplomate, mais toujours droit."

Voyant arrivé Dame Bai Zhu, l'eunuque ne pu retenir un frisson. Il se félicita intérieurement qu'elle soit une alliée et non un ennemi.
Enfin, pour l'instant. Peut être.
Se ressaisissant, il fit une courtoise révérence à la chef des Spectres.
"Dame Bai Zhu, mes salutations. Allez-vous bien ?" salua-t-il de sa voix douce. "Pensez-vous que ces horribles conditions météorologique nuisnte à notre projet ?"

[Ma Huo Yan est un lève tard ? A force de l'avoir laissé roupiller tout ce temps, c'est normal ]

La nuit avait soulagé bien des maux de Ma Huo Yan. Ses courbatures avaient en partie disparue, de même pour sa lassitude. S'il avait été sur ses terres, il aurait surement lézardé dans son lit pour profiter de ces derniers instants de pays. Mais sitot l'idée de sentir les forces Jin bientot aux portes de la forteresse le sortir de sa torpeur. Après un étirement rituel, dans lequel il sentit ses articulation craquer, il enfila ses vêtements de rechange, avant de confier les autres à une servantes, le sang n'était guère l'ornement le plus raffiné. Comme toujours, il se prépara, son armure de cuir, son serre tete et sa lance en main, il alla voir l'état de ses soldats et vérifier qu'ils sont encore en état de tenir une arme et surtout aller déjeuner avec eux. Voyant la montagne noire, il lui tapa sur le dos pour lui signifier qu'il était temps pour les hommes de faire quelques échauffement le temps qu'il allait prendre des nouvelles de sa prochaine affectation auprès du général.

C'est le pas pressé qu'il entra dans la salle de commanderie pour s'inclinant bien bas :

"Pardonnez mon retard, la visite de mes hommes dura plus longtemps que je ne l'aurais cru"

Xiao guang

Trempée de pluie, la jeune femme traversa de long en large la grande place pour interroger les éventuels badauds...
Un vieil homme courbée par les âges, voyant son vêtement couvert de boue et de pluie l'invita à se joindre à son banc, près duquel il avait installer un brasero fumant....

- N'attrapez pas froid, gu niang, les pluies d'ici ne pardonnent pas....

Son vieux visage crevassé se plissa encore plus lorsqu'il tira sur une longue pipe de bambou, dégageant une odeur de paille moisie épouvantable

- Vous recherchez le petit gamin qui faisait des cabrioles hein ? Il est parti aux écrevisses, je crois, pendant la nuit...Un petit débrouillard...Du reste, il faudrait partir le chercher, je suppose qu'il doit s'être réfugié dans une rotte, il y en a plein dans la forêt aux alentours...

Qing Yu Yan

La jeune femme souffla d'un air dédaigneux en direction du servant

- Lui ? Je ne sais pas trop, mais je ne l'aime pas...Il est arrivé après tout le monde et tout ce que je peux dire c'est qu'il avait de l'argent...Il travaille pour les deux officiers qui défendent le camps. On dirait qu'il regarde tout le monde avec ses yeux de fouines.
Un jour, je l'ai surpris dehors, après la fermeture des portes...il avait du sang sur les mains.

Commanderie

Personne ne s'offusqua du "retard" de Ma, car de toute les manières, le général n'était pas encore là.
Shen Niang haussa ses épaules puissantes avec une moue de dédain à la remarque de l'eunuque qui fît sourire les deux capitaines...

- S'il n'est pas mort aujourd'hui, c'est qu'elle l'aime bien plaisanta le plus âgé, ce qui eût pour effet de détendre un peu la jeune femme.

Bai Zhu gardait un air inquiet

- Je n'ai pas eu de nouvelles des garçons...S'ils n'ont pas trouvé le temps de m'envoyer un message, c'est qu'ils doivent affronter de réelles difficultés. Mais pour ce qui est de la sortie, les conditions pourraient également nous être favorables : après tout, c'est à nous d'être discrets et la pluie nous y aidera.

Immédiatement après, la porte s'ouvrit une nouvelle fois, pour laisser passer la silhouette du général Wang, dans son habituelle tenue martiale, dégoulinant de pluie.
Il jeta sa cape sur le sol et salua silencieusement la tablée...

- Au moins nous ne manquerons pas d'eau...J'avais crainte que le puit ne s'assèche si nous devions affronter un siège. Voilà une problème de moins à régler fit-il en prenant place, le regard fixé sur l'eunuque

Posant sa lance à l'entrée, le capitaine afficha un certains désappointement qu'il ne manqua pas d'exposer quand le général entra :

"Avec la pluie ou la brume, nous serons plus facile à suivre et nous ralentira surement lors de l'escorte du ravitaillement. Mais si la pluie nous empêche de mourir de soif je pense pouvoir faire fi de ces menus problèmes"

- Aux écrevisses ? En pleine nuit ? Vers quelle direction je vous prie ?

Pourquoi partir aux écrevisses en pleine nuit ? Et s'il avait glissé ? S'était fait mal ? Pourquoi n'ai-je pas écouté le prêtre ? Si je m'étais inquiétée à temps, il ne serait peut-être pas parti... A-t-il pnsé qu je l'abandonnais ? A cett idée, je sens mon cour se serrer et les larmes couler.

Dès qu j'aurai ma réponse, je passerai en vitesse au dispensaire récupérer ma cape chaude et toutes mes affaires, arme y compris...

La danseuse regarda la jeune servante, interloquée.

- Du sang ? Pas les dieux, mais dans quel monde vivons-nous ? En tout cas, il ne m'inspire aucune confiance... Avec ses yeux de fouine, comme vous dites, ajouta-t-elle à voix basse. Si on ne peut même plus faire confiance à ceux de son peuple, où va-t-on ? En tout cas, je vous remercie beaucoup pour votre aide. Je vais me mettre en quête de ce petit chenapan. On n'a pas idée d'aller à la pêche aux écrevisses en pleine nuit, alors que le danger rôde hors des murs de la citadelle. Si jamais vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à venir me voir et je ferai mon possible pour vous aider. Je m'appelle Yu Yan.

Elle lui sourit et s'inclina, puis se mit en quête de Petit Renard.

Yin Qiu salua le général avec tout le respect qui lui était dû.
"Bonjour, Général Wang." commença-t-il. "Cette pluie et ce brouillard sont, comme toute chose, empreint de yin et de yang. L'eau est un bienfait souverain dans notre situation critique. Mais c'est aussi fort froid, humide et gênant pour les activités militaire. Espérons que les Jin s'embourbe et reste transit de froid dans leur campement."

Désignant la chef des Spectre, l'eunuque poursuivit.
"Dame Bai Zhu me rapporter à l'instant un fait troublant : elle n'a pu entrer en contact avec ses hommes. C'est inquiétant, au vue de leur loyauté envers elle et de leurs compétences. Je n'ose imaginer les ennuis sur lesquelles ils sont tombés. Je les pense suffisamment doué pour esquiver les barbares Jin... Ce retard doit être l'oeuvre de ce groupe mystérieux, ces fantômes. Nous devons les éliminer de l'équation au plus vite."

Il se tourna ensuite vers Ma Huo Yan et les autres militaires.
"Ce temps me donne une idée... Pourquoi ne pas en profiter pour retarder les Jin et rentre leur séjour plus inconfortable ? Vu le brouillard, nous pouvons surement glisser quelques hommes discrètement dans les campements Jin... Surtout que nous disposons de quelques armures d'éclaireurs et d'un prisonnier que l'on pourrait questionner... Une petite troupe qui irait pourrir les réserves de nourritures, libérer des chevaux, gâcher les réserves d'eau ou saboter des arcs ou d'éventuelles arme de siège pourrait nous faire gagner un temps précieux. Le temps que le ravitaillement, voire les renforts arrivent. Ou le temps qu'il nous faut pour occire ces damné pseudo-fantômes."